Le revenge porn, un acte complètement inconnu il y a dix ans de cela encore, a récemment pris une ampleur préoccupante, suscitant beaucoup d’attention du grand public. Principalement, mais pas exclusivement, il s’agit d’un crime commis par des hommes à l’encontre d’ex-femmes et de petites amies, qui consiste à mettre en ligne des photos et des vidéos intimes sans le consentement de la victime. Ce qui aggrave les choses dans de nombreux cas, c’est que les auteurs ne s’arrêtent souvent pas au téléchargement de séquences explicites de leurs ex-partenaires, mais ils ajoutent fréquemment des détails personnels tels que leurs noms, adresses et numéros de téléphone. La raison première derrière le revenge porn est, comme son nom l’indique, la rétribution. La majorité des cas mettent en scène des amants éconduits qui ressentent une injustice réelle ou perçue comme telle, à la suite d’une rupture. Cependant, un autre facteur entre également en jeu : l’argent. Alors qu’une grande partie du revenge porn est publiée sur les sites de réseaux sociaux, de nombreux sites spécialisés peu scrupuleux ont vu le jour, offrant à leurs visiteurs largement anonymes la possibilité de télécharger et d’héberger des médias et des coordonnées. Les propriétaires de ces sites gèrent ensuite d’autres services en parallèle, proposant de supprimer le contenu en échange d’une rémunération substantielle.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi une victime de revenge porn pourrait être tentée de payer dans de telles circonstances. L’existence d’un tel matériel en ligne peut nuire aux perspectives d’emploi (oui, les employeurs potentiels et actuels vérifient leurs futurs et actuels employés en ligne), endommager les nouvelles relations, ternir la réputation et laisser la victime se sentir menacée pour les années à venir si elle reçoit un flot de contacts importuns et dangereux de la part de ceux qui trouvent leurs coordonnées sur le web.
Que doit faire une victime de revenge porn ?
Aussi embarrassant que cela puisse paraître, le seul véritable moyen de lutter contre ce fléau numérique consiste à l’affronter de face et à le traiter. Se taire et espérer que cela disparaisse a peu de chances de résoudre le problème. Le conseil le plus pratique est le suivant :
- déclarez le problème sans délai à la police. Tout retard pourrait la voir se propager à vitesse grand V ;
- ne répondez jamais aux demandes de chantage d’un ex-partenaire ou d’un site de revenge porn. Le faire ne garantit pas que vos images et autres détails seront ensuite retirés d’internet, mais pouvez être certain de perdre de l’argent ;
- contactez les sites web et les réseaux sociaux légitimes et demandez de l’aide pour supprimer le contenu incriminé ;
- contactez Google. Le moteur de recherche a récemment déclaré qu’il supprimerait le revenge porn des résultats de recherche sur simple demande.
Comment la loi peut-elle vous protéger ?
Bien que cela ait pris du temps, beaucoup trop de temps selon certains, la France dispose désormais d’une législation spécifique. En effet, la loi du 7 octobre 2016 est venue renforcer l’article 226-1 du Code pénal condamnant l’atteinte volontaire à la vie privée. Voici ce que dit le texte : “ Lorsque les délits prévus aux articles 226-1 et 226-2 portent sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel prises dans un lieu public ou privé, les peines sont portées à deux ans d’emprisonnement et à 60 000 € d’amende. Est puni des mêmes peines le fait, en l’absence d’accord de la personne pour la diffusion, de porter à la connaissance du public ou d’un tiers tout enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès ou présumé de la personne ou par elle-même, à l’aide de l’un des actes prévus à l’article 226-1 ». Les juges considèrent que toute personne dispose d’un droit exclusif sur son image et sur l’utilisation qui en est faite, peu importe que des photos ou vidéos soient prises avec son consentement. C’est ce que précise le Code civil, à savoir que ” chacun a droit au respect de sa vie privée. » Toutes ces dispositions légales permettent à la victime de réclamer une compensation financière et le retrait des éléments diffusés.